Sur Internet, le jeu de rôle réinvente ses codes


Avec les nouvelles plate-formes, l’écran d’ordinateur vient remplacer les traditionnels figurines et dès à 20 faces.

Une poignée de joueurs autour d’une table, des dés et, éventuellement, quelques figurines pour illustrer l’histoire racontée par le maître de jeu : voilà la vision traditionnelle du jeu de rôle, que transmet encore aujourd’hui la série Stranger Things, qui a remis au goût du jour ce hobby de niche. La discipline n’a pourtant pas échappé aux sirènes du numérique : depuis le début des années 2010, plusieurs logiciels comme Roll20 ou FoundryVTT proposent aux participants d’émuler leur traditionnelle table de jeu dans une version en ligne. Avec ces virtual tabletop (« tables virtuelles »), ou « VTT », les jets de dés sont virtuels, tout comme les figurines et les cartes, et les joueurs restent confortablement chez eux plutôt que de se réunir dans une même pièce.

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Le recours à ces outils a considérablement gagné en popularité au cours des dix dernières années, accentué par les confinements successifs de 2020 et 2021. La plate-forme Roll20 explique ainsi avoir doublé son nombre d’utilisateur depuis la fin de l’année 2019, revendiquant aujourd’hui plus de 11 millions d’utilisateurs enregistrés.

Jouer à travers le monde

Une évolution qui présente de sérieux avantages aux yeux des adeptes : « Déjà, la possibilité de jouer avec des gens de n’importe où ! », s’enthousiasme Romain, rôliste de longue date. Avec Eliza, Thomas et deux autres personnes, ils jouent régulièrement en ligne malgré les décalages horaires : l’un est installé en Australie, un autre aux Etats-Unis, et les trois derniers vivent entre la France et le Royaume-Uni. Sans le VTT, jamais le groupe ne pourrait se retrouver ainsi toutes les semaines pour avancer sur l’une des aventures officielles de Donjons & Dragons, qui emmène leurs personnages au royaume infernal d’Avernus afin de sauver la ville de Baldur’s Gate.

Un autre atout de ces plates-formes de jeu de rôle virtuelles est l’automatisation des calculs, parfois nombreux et fastidieux dans certains jeux de rôle, comme le souligne Eliza : « Clairement, l’automatisation des jets de dés et du calcul de réussite ou d’échec en combat est une valeur ajoutée incroyable, tant du côté joueur que pour le meneur de jeu. » Thomas souligne tout de même les limites de ces systèmes : « Les outils demandent un certain apprentissage. Nous utilisons par exemple l’outil Fantasy Grounds, et c’est assez compliqué de s’y retrouver dans les menus, les fonctionnalités et les différentes versions. Et je ne suis pas sûr que les autres outils soient mieux. » Autre difficulté relevée par Eliza : le risque pour les participants de s’éparpiller et de perdre le fil, comme lors d’une réunion en visioconférence qu’on laisse volontiers ouverte dans un onglet pendant qu’on fait autre chose.

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